CPME Magazine : « La Banque de France est engagée auprès des entrepreneurs, partout ! »
Interview du gouverneur de la Banque de France, François VILLEROY de GALHAU, dans le magazine "Mutations" de la CPME PARIS IDF.
Q1 : Les résultats financiers d’un certain nombre de grands groupes ont été exceptionnels en 2022 et pourtant certains établissements PME, ETI restent lourdement endettés. Quelle est votre analyse de la situation économique pour nos entreprises ?
Je veux d’abord redire combien les entrepreneurs sont pour moi les acteurs essentiels de la bataille économique. Je les rencontre régulièrement dans nos Conseils consultatifs sur le terrain, j’échange avec les dirigeants patronaux : je mesure combien ces années de « polycrise » ont pesé parfois. Qu’ils soient sûrs de l’engagement de la Banque de France à leurs côtés, partout. Les entreprises françaises se sont effectivement endettées pour faire face à la crise Covid mais leur taux d’endettement est resté globalement maitrisé. Nous observons cette tendance à la hausse de la dette pour les grands groupes français mais également à travers les bilans de 240 000 entreprises de moindre taille. En 2022, les flux de crédits aux entreprises ont progressé de plus de 8%, après deux années de quasi‑stabilité. Cette évolution a notamment été impulsée par le dynamisme des investissements des grandes entreprises. Depuis le début de l’année, la dette nette continue de progresser mais quelques grandes entreprises se désendettent, ce qui contribue à la modération de la croissance du crédit et au repli de la trésorerie.
Du côté des demandes de nouveaux crédits d’investissement, elles sont stables pour les TPE et PME au dernier trimestre de 2022 (6 % des TPE et 21% des PME ont sollicité un crédit, accordé en totalité ou à plus de 75% pour plus 90% des demandes) tandis que les demandes de nouveaux crédits de trésorerie évoluent peu. Les remboursements des PGE se font dans de bonnes conditions puisqu’à fin 2022 plus du tiers du capital emprunté avait été remboursé, le capital restant dû s’élevant à 94 milliards d’euros pour un total emprunté de 143 milliards d’euros. Au total, la part des TPE et PME avec une situation financière évoluant favorablement (dépôts supérieurs aux crédits ou dette nette en baisse ou stable sur un an) reste majoritaire.
Enfin, le nombre de défaillances a progressé en 2022, à plus de 43.000 entreprises concernées mais reste maîtrisé à un niveau sensiblement inférieur à sa moyenne de 59.000, sur la décennie pré-covid.